À deux ans, les accès de colère incluent parfois des gestes brusques dirigés contre les adultes proches. Contrairement à une idée reçue, ces comportements ne relèvent pas systématiquement d’un trouble ou d’un problème d’éducation. Les réactions parentales jouent un rôle déterminant dans l’évolution de ces attitudes.
L’acquisition du langage reste limitée à cet âge, ce qui freine l’expression des besoins et des frustrations. L’environnement quotidien, les réactions des adultes et la fatigue influencent directement la fréquence et l’intensité de ces gestes.
Quand un tout-petit lève la main : ce que cela révèle vraiment
Un enfant qui tape sa maman ne prépare rien à l’avance, et il ne cherche pas seulement à provoquer. Ce comportement jaillit au cœur du développement émotionnel et cognitif, pile à l’âge des fameux « terrible two ». Le vocabulaire est encore balbutiant, alors l’enfant se sert de son corps pour dire ce qui déborde : colère, frustration, tristesse. Taper, mordre ou lancer un objet, c’est une façon immédiate, parfois brute, d’exprimer ce qui l’étouffe.
Les raisons de ces gestes sont multiples. La colère surgit souvent quand une consigne ou un refus tombe. La frustration s’accumule devant ce qui reste inaccessible ou face à une attente interminable. L’imitation entre aussi en ligne de compte : un adulte qui hausse la voix, un autre enfant qui réagit vivement, tout cela enrichit l’éventail de comportements de l’enfant. À cet âge, il apprend encore à apprivoiser ses émotions.
Voici quelques situations qui peuvent expliquer ces gestes :
- Préférence parentale : à deux ans, il n’est pas rare qu’un enfant montre un attachement plus marqué à un parent, souvent la maman, en lien avec sa phase d’opposition ou le complexe d’Œdipe.
- Recherche d’attention : parfois, le geste agressif apparaît quand l’enfant se sent mis de côté ou veut attirer l’attention exclusive d’un adulte.
- Décharge émotionnelle : taper devient alors un moyen d’évacuer un trop-plein de tension ou de stimulation.
Ce type de comportement n’a rien d’exceptionnel ni de pathologique. Il s’agit d’une étape du développement de l’enfant, tout comme l’opposition ou les progrès dans le langage. Sans les mots pour le dire, l’enfant avance à tâtons, teste les limites du monde autour de lui, découvre la résistance des adultes.
Pourquoi les enfants de 2 ans tapent-ils leur maman ?
À deux ans, l’enfant navigue dans un univers où les frontières entre lui et les autres restent floues. Quand il lève la main sur sa maman, il ne cherche pas à nuire. Il exprime une émotion qui le submerge, un trop-plein de colère ou de frustration face à une règle, une attente, un refus. Privé de mots, il s’exprime par des gestes parfois brusques.
Ce comportement fait partie de la phase d’opposition, ce passage souvent surnommé « terrible two ». L’enfant cherche à s’affirmer, à tester les réactions, à comprendre jusqu’où il peut aller. Taper devient alors une façon d’observer : « Que va-t-il se passer si je fais ça ? » C’est aussi un moyen pour lui d’attirer l’attention, surtout envers la mère, figure centrale de son univers affectif.
Souvent, la préférence parentale s’exprime à cet âge. Il suffit parfois d’une différence de réaction entre les parents ou d’un attachement fort à la maman pour que certains gestes s’intensifient, surtout lors des transitions ou des séparations. L’imitation intervient aussi : un enfant exposé à des gestes brusques, que ce soit dans sa famille ou avec d’autres enfants, risque de reproduire ce qu’il observe, sans filtre.
À ce stade, le développement émotionnel et la capacité à gérer ses réactions ne sont pas aboutis. Les neurosciences nous apprennent que la zone du cerveau qui contrôle les impulsions n’est pas encore mature. L’enfant tape parce qu’il ne sait pas encore comment faire autrement.
Des astuces concrètes pour réagir sans crier ni culpabiliser
Pour aider un enfant de deux ans à abandonner les tapes, ni la punition sévère ni le relâchement total ne fonctionnent. La réponse se construit dans un mélange de calme et de fermeté. Un exemple : poser doucement la main sur celle de l’enfant, le regarder dans les yeux et dire clairement « Je ne veux pas que tu tapes. Taper, ça fait mal. » Le but n’est pas de dramatiser ni d’humilier, mais de marquer la limite, tout simplement.
Quelques repères concrets pour réagir au quotidien :
- Énoncez la règle sans détour : dites-lui simplement « On ne tape pas ». Même s’il recommence, il intègre peu à peu la limite.
- Proposez une alternative : encouragez-le à opter pour un geste doux, à demander un câlin, ou à dire ce qu’il ressent.
- Valorisez ce qui va dans le bon sens : félicitez-le dès qu’il utilise un autre moyen d’exprimer ses émotions.
Ce qui compte, c’est la cohérence : tous les adultes autour de l’enfant doivent rester alignés. Un cadre stable l’aide à se sentir en sécurité et à apprendre. Proposer un temps calme, loin d’être une sanction, aide chacun à souffler. L’apprentissage de la régulation émotionnelle prend du temps, il se construit à force de patience et d’exemples répétés.
Évitez d’entrer dans l’escalade. Les cris ou les menaces ne font qu’ajouter de la confusion et du stress. Inutile d’exiger des excuses automatiques : mieux vaut expliquer et donner du temps. Si ces gestes deviennent trop fréquents ou intenses, il peut être utile de consulter un professionnel (psychologue, pédiatre) pour obtenir des conseils adaptés.
La pédagogie inspirée de Maria Montessori ou les livres pour enfants sur les émotions sont de précieux alliés pour guider le tout-petit sur ce chemin. Peu à peu, il apprend à mettre des mots sur ce qu’il ressent et à choisir d’autres chemins que la violence.
Accompagner son enfant vers des gestes plus doux au quotidien
Installer un cadre rassurant pour un enfant de deux ans ne se limite pas à poser des règles ; cela passe aussi par des repères quotidiens et des routines qui jalonnent la journée. Cet âge est celui de l’observation, de l’imitation, et parfois de gestes brusques. Le parent devient, sans le vouloir, un modèle : une voix posée, une main réconfortante, un regard qui valide l’émotion sans la juger, tout cela montre à l’enfant comment traverser ses tempêtes.
Les gestes doux s’apprennent avec le temps. Invitez votre enfant à explorer d’autres options : « Tu peux caresser, demander un câlin, dire quand tu es contrarié. » La parole mettra du temps à s’installer, mais chaque tentative mérite d’être encouragée. Mettre en avant les comportements positifs accélère les progrès. Un simple « Bravo, tu as parlé au lieu de taper » pèse bien plus qu’un reproche.
Pour faciliter cet apprentissage, voici quelques pistes à intégrer au quotidien :
- Soulignez chaque initiative apaisée : un sourire, un remerciement, une main tendue.
- Aménagez régulièrement des temps de retour au calme, partagés, pour aider à dissiper l’orage émotionnel.
- Misez sur les jeux de rôle et les histoires autour des émotions, qui enrichissent le vocabulaire affectif et offrent des points d’appui concrets.
Une présence bienveillante et des réactions constantes créent un espace où l’enfant se sent entendu, accompagné dans ses émotions, jamais écrasé. Comme le rappelle la psychologue clinicienne Rachida Raynaud, « Le tout-petit a besoin de temps pour intégrer ces nouveaux codes. » Rien ne se fait en quelques jours. Apprendre à apprivoiser ses émotions, c’est un chemin d’expériences et de patience, où chaque parent avance, parfois à tâtons, mais toujours avec la volonté d’accompagner son enfant vers la douceur. Parce qu’à force d’attention et de constance, ces petites mains finiront par préférer la caresse au geste qui claque.


