Enfance : repérer les signes de souffrance chez un enfant

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Un enfant sur huit présente des troubles psychiques avant l’adolescence, selon l’Organisation mondiale de la santé. Les troubles anxieux, dépressifs ou comportementaux figurent parmi les diagnostics les plus fréquents, mais restent souvent méconnus ou minimisés.Des symptômes discrets, tels qu’un repli inhabituel ou des difficultés scolaires soudaines, peuvent signaler un malaise profond. L’absence de prise en charge adaptée favorise l’aggravation des troubles et compromet le développement global de l’enfant. Une attention précoce aux signaux d’alerte augmente significativement les chances d’évolution positive.

Comprendre la souffrance psychique chez l’enfant : un enjeu souvent sous-estimé

La souffrance psychique chez l’enfant reste trop souvent dissimulée. Derrière des silences qui inquiètent, des colères soudaines ou des troubles passagers, la détresse s’installe, invisible. Selon l’Organisation mondiale de la santé, un enfant sur huit est confronté à un trouble psychique avant même l’adolescence. Les troubles anxieux, la dépression chez l’enfant et différentes formes de troubles du stress sont encore trop fréquemment relégués à des caprices, à une période difficile qui finirait par passer.

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Qu’il s’agisse d’un jeune enfant ou d’un adolescent, la souffrance psychologique ne se présente jamais de la même façon. Les signes varient : certains se replient, d’autres deviennent irritables, parfois les difficultés envahissent l’école ou la maison. Le contexte familial, le tempérament de chacun, l’âge : autant de facteurs qui modifient l’expression de la détresse. Les professionnels de la santé mentale ne cessent de le rappeler : la santé mentale des enfants mérite la même attention que leur santé physique.

Voici des signaux à repérer pour ne pas laisser la souffrance s’installer :

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  • Irritabilité inhabituelle ou tristesse persistante,
  • Troubles du sommeil ou de l’alimentation,
  • Perte d’intérêt pour les activités habituelles,
  • Retrait social,
  • Chute inexpliquée des résultats scolaires.

Chacun de ces indices témoigne d’un mal-être ou d’une souffrance psychique qui, sans intervention, risque de s’aggraver vers des formes plus sévères : trouble dépressif, trouble du stress post-traumatique, voire l’apparition d’idées suicidaires, même chez les plus jeunes. Les chiffres relayés par l’Organisation mondiale de la santé imposent de regarder la réalité en face et d’agir collectivement.

Quels signes doivent alerter les parents au quotidien ?

Pour détecter une éventuelle souffrance psychique, tout commence par l’observation du comportement habituel d’un enfant. Le moindre changement, soudain ou progressif, doit attirer l’attention. Parfois, les signes sont subtils : un enfant d’ordinaire sociable qui s’écarte du groupe, un appétit qui se dérègle, ou des accès de colère qui prennent toute la place. D’autres indices sont plus visibles, comme les troubles du sommeil, endormissement difficile, réveils nocturnes, cauchemars répétés, ou les troubles de l’alimentation.

Chez les enfants d’âge scolaire, toute baisse brutale des résultats scolaires mérite d’être prise au sérieux. Une démotivation soudaine, des plaintes répétées de maux de ventre ou de tête, des difficultés à rester attentif en classe : autant de symptômes qui doivent alerter sur la possibilité d’un trouble psychique ou d’un trouble de l’attention. Pour repérer ces signaux parfois discrets, le regard attentif des parents et des adultes de confiance est déterminant.

Retrouvez ici une liste des signes d’alerte qui doivent inviter à la vigilance :

  • Irritabilité persistante ou tristesse inhabituelle
  • Isolement social ou désintérêt pour les activités habituelles
  • Manifestations somatiques fréquentes sans cause médicale identifiée
  • Régression comportementale (retour à des attitudes de plus jeune âge)
  • Difficultés scolaires soudaines

Lorsque ces signes se répètent, s’intensifient ou durent dans le temps, il est impératif que les parents s’interrogent, sans attendre que la situation se dégrade. Qu’il s’agisse de jeunes enfants ou d’adolescents, la santé mentale passe par une vigilance constante aux évolutions, même minimes.

Des comportements inhabituels : quand s’inquiéter vraiment ?

Certains changements soudains chez l’enfant imposent de sortir du déni : est-ce un simple passage ou le signe d’une souffrance psychique plus profonde ? Difficile de trancher sans recul. Un événement traumatique, un contexte de maltraitance ou un harcèlement scolaire peuvent marquer durablement, modifiant le comportement bien après l’événement.

Quelques signaux exigent une réaction rapide. Si l’enfant développe une colère persistante, s’isole brusquement ou manifeste une culpabilité disproportionnée, il ne faut pas attendre. Chez les plus jeunes, un retour à des comportements infantiles (perte de la propreté, attitude régressive) ou des troubles du sommeil qui s’éternisent ne sont jamais anodins. Chez l’enfant scolarisé, des troubles de la concentration ou une anxiété inhabituelle doivent aussi interpeller.

Les professionnels de santé mentale le constatent chaque jour : chez l’enfant, la détresse psychique se glisse souvent dans le corps. Maux de ventre répétés, céphalées, fatigue, autant de signaux d’alerte. Un stress aigu ou un trouble du stress post-traumatique se manifeste parfois par des cauchemars, une vigilance excessive ou des réactions de peur qui semblent disproportionnées. Face à ces symptômes, la meilleure option reste de les prendre au sérieux, surtout s’ils s’installent dans la durée.

Pour mieux repérer les situations à risque, voici des exemples précis à garder en mémoire :

  • Isolement social soudain chez l’enfant après un événement marquant
  • Répétition de gestes ou de paroles inquiétantes
  • Refus d’aller à l’école sans motif apparent

Chez les petits, les mots manquent souvent pour exprimer ce qui ne va pas. Le corps et les attitudes parlent à leur place. Savoir décoder ces signaux, c’est offrir à l’enfant une chance d’obtenir l’aide dont il a besoin, et éviter que la souffrance ne prenne racine.

enfant souffrance

Agir sans attendre : comment soutenir son enfant et trouver de l’aide

Ignorer la souffrance psychique d’un enfant, c’est laisser la détresse s’installer et les difficultés s’accumuler. Si les symptômes persistent, troubles du sommeil, irritabilité, isolement ou difficultés scolaires, il faut ouvrir la discussion, sans détour ni faux-semblant. L’écoute, franche et bienveillante, constitue la première étape : offrir un espace où l’enfant peut déposer ses ressentis, même quand les mots ne viennent pas. Parfois, le silence en dit long : il mérite lui aussi d’être accueilli.

S’appuyer sur les professionnels de santé spécialisés dans l’enfance est une démarche précieuse. Qu’il s’agisse d’un psychologue, d’un pédopsychiatre ou du médecin traitant, ces interlocuteurs guident vers la prise en charge la plus adaptée. Consulter tôt, c’est permettre un accompagnement personnalisé : psychothérapie, thérapie comportementale, soutien familial. Les traitements médicamenteux, comme les antidépresseurs ou hypnotiques, ne sont envisagés qu’en dernier recours, sous supervision médicale stricte.

Le soutien social et familial fait la différence. Les groupes de parole, à l’image de ceux proposés par l’association l’Enfant Bleu, créent un espace où parents et enfants peuvent sortir de l’isolement, partager, reconstruire la confiance. L’école, de son côté, joue un rôle clé : enseignants, infirmiers scolaires, psychologues de l’Éducation nationale sont en première ligne pour détecter, signaler et orienter quand la situation l’exige.

Voici des gestes concrets pour agir, sans attendre que la situation empire :

  • Consultez dès les premiers doutes : attendre aggrave les troubles.
  • Multipliez les relais : médecin, psychologue, association.
  • Soutenez l’enfant, sans nier la réalité de sa souffrance.

Devant la fragilité d’un enfant, chaque détail compte, chaque parole pèse. Parfois, une écoute attentive, un rendez-vous pris à temps, un adulte qui ne balaie pas la détresse d’un revers de main suffisent à infléchir le cours des choses. La vigilance d’aujourd’hui dessine la trajectoire de demain.