Personne ne naît parturiente, on le devient au terme d’un cheminement unique, souvent invisible aux yeux du monde. En France, celle qui donne la vie reçoit un nom précis, réservé aux conversations de soignants : la parturiente. Ce mot, à l’accent scientifique, reste discret dans le langage courant, éclipsé par des expressions plus familières, mais moins rigoureuses.
Autour de la femme qui accouche, les intervenants se relaient : chaque profil tient sa place, chaque rôle a ses frontières. Dans cet écosystème, une figure singulière s’impose peu à peu : la doula. Ni médecin, ni sage-femme, elle offre un accompagnement inédit, qui séduit de plus en plus de futures mères françaises.
Qui est la doula et en quoi son rôle diffère-t-il des professionnels de santé ?
La doula s’est taillée une place dans l’univers de la périnatalité française. Elle n’appartient pas au corps médical : pas de diagnostics, pas d’auscultations, pas d’ordonnances. Sa mission relève du soutien moral, pratique et parfois spirituel. La doula intervient là où la technique s’arrête, tissant une relation d’écoute, modulée selon les besoins de la parturiente, du couple ou de la famille.
Prenons l’exemple d’Emilie De Carvalho Lima Pojer : doula formée, elle incarne cette nouvelle voie, en restant aux côtés des familles avant, pendant et après la naissance. C’est là que réside sa différence majeure avec la sage-femme : la première s’inscrit dans la continuité, la seconde se concentre sur la sécurité et le suivi médical. La doula n’est soumise à aucun roulement de garde, aucun cadre hospitalier : sa disponibilité s’ajuste au rythme de la famille.
Voici quelques déclinaisons concrètes du métier de doula, bien au-delà de la naissance :
- Doula de fin de vie ou thanadoula : elle accompagne aussi les passages liés au deuil, à la ménopause ou même aux cycles menstruels.
- Doula de transition : présente lors des étapes-clés de la vie, pas seulement à l’arrivée d’un enfant.
La confiance constitue le socle de la relation entre doula et femme enceinte. Quand la sage-femme surveille la physiologie, la doula privilégie l’humain, la parole, le respect du rythme de chacune. Ces deux approches se complètent, et ce tandem séduit de plus en plus de femmes, notamment en ville, là où la demande d’un accompagnement sur-mesure explose.
Accompagner la naissance : les missions essentielles de la doula auprès des femmes
La doula occupe une place à part auprès de la femme enceinte. Avant l’accouchement, son écoute attentive fait la différence : elle rassure, informe, guide la primipare qui découvre la maternité, répond aux doutes de la primigeste à l’orée de sa première naissance, accompagne la multipare qui veut vivre ce moment autrement. Son accompagnement reste non médical, toujours complémentaire à celui de la sage-femme et de l’entourage.
Le cœur de sa mission : offrir une présence continue, un soutien émotionnel et pratique. Hors des codes hospitaliers, la doula partage des outils concrets : techniques de respiration, séances de relaxation, visualisations guidées. Elle veille à ce que les choix de la parturiente soient respectés, que l’accouchement se déroule à domicile ou en maternité, de manière physiologique ou plus médicalisée. Sa disponibilité ne faiblit pas lors du post-partum : elle repère la fatigue, propose une écoute active, accompagne l’allaitement et fait le lien avec les professionnels de santé si besoin.
Pour mieux saisir ses interventions, voici les principales missions assurées par la doula :
- Préparation à la naissance, en séance individuelle ou collective
- Présence continue le jour de l’accouchement selon le projet défini
- Accompagnement du retour à la maison, auprès de la mère et de l’enfant
Qu’elle accompagne une nullipare, une multipare ou une primipare, la doula ajuste sa présence à chaque histoire, chaque parcours, chaque envie autour de la naissance.
Pourquoi l’accompagnement émotionnel et pratique fait toute la différence lors de l’accouchement
Le soutien apporté à la parturiente ne s’arrête pas à la technique médicale de l’accouchement. Les professionnels de santé assurent la sécurité ; la doula, elle, réinvente l’expérience vécue. En nouant une relation de confiance en amont, elle permet à la femme d’exprimer librement ses peurs, ses attentes, ses doutes, sans crainte d’être jugée.
Des recherches menées en France le confirment : les femmes ayant bénéficié d’un accompagnement personnalisé racontent une naissance moins angoissante, une meilleure gestion de la douleur, un sentiment accru de contrôle sur ce grand passage. La doula, ou toute personne formée à l’écoute, devient alors un repère solide, capable d’anticiper les besoins, de détecter les signaux discrets, d’encourager la communication avec l’équipe médicale.
Voici ce que cet accompagnement apporte concrètement :
- Soutien continu, avant, pendant et après la naissance
- Réduction du risque d’isolement en post-partum
- Valorisation du rôle actif de la femme accouchée
Le post-partum reste une étape charnière, souvent négligée. Grâce à une vigilance accrue, la doula détecte plus tôt les signes de fatigue ou de fragilité psychique, oriente si nécessaire vers des aides adaptées, encourage la parole. Son accompagnement ne s’arrête pas à l’accouchement : il englobe l’arrivée de l’enfant et l’équilibre du quotidien familial.
Doula et empowerment : redonner confiance aux femmes dans leur expérience de la maternité
La doula redonne voix à la femme qui accouche, loin d’un modèle impersonnel et surmédicalisé. Elle accompagne la femme, le couple, les futurs parents, toujours sous le signe de l’écoute, de la confiance et du respect du droit à choisir. Dans une société qui multiplie les injonctions autour de la maternité, la doula, par sa présence stable et non intrusive, invite à se réapproprier ce chapitre intime de la naissance.
Par sa posture neutre, elle ouvre un espace où chaque femme enceinte peut dire ce qu’elle ressent, interroger les normes, formuler ses envies ou ses craintes. Elle ne prend pas la place des sages-femmes ou des médecins : elle complète leur action, sans jamais imposer. Ce rôle de passeuse s’étend bien après la naissance : à la maison, la doula reste un appui discret alors que la femme accouchée navigue entre euphorie, doutes et épuisement. Soutenir, informer, valoriser les choix singuliers : c’est ainsi que la perception de la maternité évolue en France, pour briser l’isolement et alléger la pression ambiante.
Pour résumer l’impact de la doula, voici les axes majeurs de son action :
- Favoriser l’autonomie des femmes
- Transmettre une information claire et nuancée sur la maternité
- Mettre en valeur la place du couple et des parents
Au bout du compte, la doula ne se contente pas d’accompagner une naissance. Elle contribue à donner, à chaque femme, la force de revendiquer son expérience, de l’habiter pleinement, et d’en faire un souvenir à la hauteur de ses choix.

